Les actualités ont-elles influencées le choix de notre conversation de Samedi 26 Mars ? Probablement. Face aux récents événements en Libye et la prise de position française, on se demande encore pourquoi, mais aussi comment, le régime dictatorial de Mouammar Kadhafi a pu être toléré depuis si longtemps. Etait-ce dans l’espoir de faire progresser la paix ?
Il est bien établi dès le départ de notre conversation que tolérer ne veut pas dire être naïf, s’abstenir ou encore cautionner certains actes ou propos. Marc, fervent défenseur de la non-violence, défini la tolérance éduquée et active comme essentielle à la progression vers un but, sinon elle risque de devenir « […] un recul avant d’être une lâcheté » (Reine Malouin). On a tendance à penser que si tout le monde était tolérant, on pourrait éviter des situations difficiles, liant ainsi la notion de cohésion sociale à celle de tolérance collective. Julien quant à lui propose l’hypothèse qu’une société tolérante envers l’intolérance, serait un nid à problèmes sociaux. Tout est-il tolérable ? Doit-on être tolérant envers l’erreur par exemple ? L’artiste certaines fois dérange pour s’exprimer, mais trop de liberté comme l’usage de la violence ou de la pornographie pourrait également être nuisible à la société. Alors, jusqu’où être tolérant ?
Tolérer a ces propres limites : tout d’abord, il faut sortir le mot « intolérance » de sa connotation négative, et l’appliquer à des idées ou des situations, non pas à des individus. On peut considérer que le mot lui-même est une contradiction : on ne peut pas tolérer des valeurs que l’on ne respecte pas. Dans le cas de la Libye par exemple, on tolère que la France intervienne, mais on ne tolère pas les morts. Inversement, être tolérant avec les ennemis de la paix ne fait pas avancer la paix. Julien et Ramon argumentent que notre société est basée sur l’intolérance, et même qu’elle la cimente en ayant en place une démocratie, des lois, et des institutions pour réglementer la vie en société. Faut-il alors être intolérant et activiste pour s’opposer efficacement au relativisme et, tout comme Voltaire, clamer « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire » ? Que faire dans le cas ou les protagonistes se trompent sur ce qui est vraiment dans leur intérêt ? Doit-on les défendre contre eux-mêmes, tels les volontaires au championnat du monde de lancer de nains dans le sud de la France au début des années 90, ou encore les candidats à la vente d’organes?
D’après Christian, ce sont les règles de bases pour la cohésion de la société qui prévaut, dans ces deux cas,le droit de propriété. Quand on demande à quelqu’un qui est propriétaire de son corps, la première réponse est « moi ». Il semble en effet complètement immoral d’imposer à quelqu’un la volonté d’autrui dans ce cas. Cependant, l’état ne le considère pas : il a le droit de propriété sur le corps de ses citoyens et peut le mobiliser en cas de conflit. De même pour les mères porteuses, les dons d’organes à but lucratifs, ou encore l’euthanasie c’est l’état qui définit les limites de chacun quant à l’usage de son corps, même si le sujet est consentant. Au contraire, les sociétés occidentales sont individualistes, et donc il y a séparation du « je » et de ces idées : mon corps est a la fois mon socle, et ma pensée. Mais qu’est-ce qui détermine la responsabilité de « je » ? A quel moment ce « je » deviens responsable et jusqu’où ? Même si les idées sont personnelles, le créateur n’est pas sa création, tout comme « Dieu crée l’univers mais n’est pas l’univers» (La Bible). Si mes idées sont critiquées, elles le sont pour elles-mêmes.
Une distinction peut être faite entre le monde des valeurs (la morale), et celui de la réalité (le droit), qui lui ne représente qu’une petite partie de la morale. Les droits de l’Homme sont une cause légitime de conflit, mais il n’y a pas intervention armée dès qu’ils sont bafoués.
Evidement, l’histoire a vu la passivité du monde face au massacre de Tiananmen Square, ou encore les répressions politiques en U.R.S.S communiste. Deux critères sont déterminants dans la décision d’intervenir: la possibilité de gagner, et surtout l’importance des dommages nécessaires à cette victoire potentielle. Pour la Russie et la Chine, une guerre juste n’était pas possible car les dommages seraient important que les résultats. Avoir raison ne suffit pas, et ne donne pas de droits.
Néanmoins, depuis que le capitalisme est à son apogée, il existe une autre arme de persuasion : l’argent. Marc mentionne le rôle capital qu’a tenu la politique non violente mais efficace de Margaret Thatcher dans l’effondrement de l’URSS, la contribution des boycotts dans la fin de Apartheid, et la politique de Gandhi qui a précipité la chute de l’empire Britannique. La non-violence de cette méthode est efficace dans la durée, mais malheureusement, tous les pays n’agissent pas dans l’intérêt du monde, mais du leur. Qui sait, peut-être que dans le futur, la morale fera partie du droit et que l'homme se rendra compte qu'il est responsable pour le monde entier….
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