Depuis au moins l’antiquité, la philosophie s‘interroge sur l’art: il est donc bien naturel que notre Café Philo de Samedi dernier débatte sur l’une des innombrables questions qui se pose: l’art est-il la représentation de la folie?
La Grotte de Lascaux, France, ca.15,000 BC |
L’art a effectivement évolué depuis ses premières expressions sur les murs des grottes habitées par les hommes préhistoriques. En effet, jusqu'au siècle des Lumières, il n’y a pas de véritable différence entre l’artiste et l’artisan : le travail est basé sur la notion de beau en tant que représentation de la réalité, ainsi que les connaissances techniques démontrées. Alors que l’art servait essentiellement aux représentations religieuses, (une arme intemporelle pour défier la mort, même s’il avait occasionnellement une fonction publique ou sociale illustrée par la commande de livres d’heures ou de portraits), la renaissance place l’homme au centre des préoccupations artistiques et fait ainsi appel a nos sens et nos émotions : c’est la séparation rationnel (« logos ») et du sensible. Au XXe siécle, l’artiste remet en cause le rapport entre beauté et art, et n’hésite pas à désacraliser ce dernier en lui donnant une fonction de «révélation libératrice », comme le déclare René Magritte.
Livre d'Heures, 1442 |
Il est vrai qu’il est difficile de définir l’art : est-t-il contextuel et ne se révèle en tant qu’art dans une galerie dûment exposée (Shéhérazade nous donnait l’exemple de la Joconde, exposée au Louvre, et qui serait peut-être méconnue internationalement si elle était exposée au fin fond le la campagne italienne), ou bien est-ce qu’il « n’a que faire des proclamations et s’accompli dans le silence » (Marcel Proust) ? L’art doit-il avoir une fonction autre que celle d’exprimer ses émotions personnelles, et créer un lien entre l’auteur et le spectateur ? N’a-t-on pas néanmoins vu certains artistes repousser les frontières du réel à travers leurs arts jusqu'à en sombrer dans la folie, tels Schuman ou encore Van Gogh ?
Van Gogh 1889 |
Les formes les plus contemporaines de l’art explorent différentes théories, en se servant de l’art comme moyen de thérapie : écriture, peinture, composition musicale, ou encore création de concepts, la « définition» de l’art est ainsi très diversifiée. Mais la plus grande folie a laquelle succomber ne demeure t-elle pas le risque d’exagérer l’utilisation de art, et de l’exploiter commercialement au point de voir s’établir comme le déclare Andy Warhol « l’art des affaires qui succède a l’art. […] »
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Bosch and Freud - on Art and Madness
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